
Iels marchent, iels courent, ils sautent, iels trottinent, iels occupent leurs pieds-ballons-têtes. Iels nagent, les jambes dans un bleu azur (merci la Baleine). Assurément iels sont des gens de la rue. Parfois, iels flânent, s’arrêtent, en observateurs de leur quartier. Iels sont des citadins observés avec attention (avec amour ?). Des « gens de peu », hautement importants. Iels sont de toutes les couleurs et de tous gabarits, mais suffisamment indéfini·e·s, pour ne pour être politiquement correct·e·s. Leur appartenance n’a pas de poids. D’ailleurs, iels ne rentrent pas dans les cases, iels débordent sur celle d’après. Michel Quarez monumentalise la chorégraphie quotidienne des invisibles. Ceux et celles qui font et animent la ville. Ses marcheurs, ses marcheuses sont brossés à grands traits de pinceaux, des traits abrupts, élancés, tendres. La reine, le président et leur cour, giga-brushingés ont leur portrait encadré qu’ils diffusent à longueur de représentations. Les citoyens ont leurs écrans, bouées gluantes. Parfois, des affichistes donnent corps aux citoyens, citoyennes affairé.e.s, brossent leur âme contrariée. Les figures passantes de Michel Quarez sont accompagnées de peu de mots. Le moins de mots possible. Peu de discours, iels marchent, iels rêvent, iels défont. Iels arpentent les limites et les possibles. Si mot il y a, il évoque le quotidien, celui de tout un à chacun.
Ses affiches donnent envie de nouer des liens, d’échanger, d’entrer dans le flux citadin. Il faut parfois revenir à des preuves tangibles : une affiche peut être un outil de lien social. Une affiche peut procurer de la joie et manifester le bonheur d’être ensemble, malgré tout. Elle active des émotions, des idées, des tensions internes ou sociétales. Certaines affiches énergisent le tissu social, matière composite précieuse.
« Je surprends mes commanditaires en leur disant que je suis dans l’incapacité de transmettre leur message, que l’affiche n’a même pas le pouvoir de communiquer, qu’en fin de compte, elle peut tout juste faire du bien, comme un massage » disait Michel Quarez.
Il y a une urgence de massages dans l’espace public.