Le Métaprisme par Evariste Richer
Le Métaprisme par Evariste Richer
Studio Villa - Studio Teschner
Charles Villa Studio
Herman de vries
Terencio Gonzalez
Terencio Gonzalez
Mona Cara
Linda Sanchez & Baptiste Croze
Linda Sanchez & Baptiste Croze
Linda Sanchez & Baptiste Croze

 

Substituant les abats-sons du clocher de l’église Saint-Pierre par sept lames de verre colorées, Evariste Richer conçoit un prisme1 et génère un dégradé arc-en-cielisé se déplaçant entre les points cardinaux de l’église romane. À l’extérieur, par son clocher, l’église se signale comme un repère actif, différent, quittant sa beauté séculaire pour troubler, presque avec une fraîche candeur, la cité de 5900 habitants. À l’intérieur, Le Métaprisme  agit, il diffuse des plans chromatiques sur les quatre murs à la croisée du transept. En fonction de la luminosité, de l’heure, de la saison, les surfaces irisées changent d’aspect. Elles vibrent au son du soleil. Elles modifient les parois en pierre et l’humeur contemplative. Avec une fonction inversée, les abats-sons, habituellement amplificateurs pour l’extérieur, intériorisent la voix lumineuse pour les « fidèles », ceux et celles qui passeront le portail d’arc brisé. Depuis 1975, l’église n’est plus affectée au culte, elle accueille notamment des expositions d’art contemporain (dont une, remarquable pour cette biennale), cette œuvre - une commande publique- renouvelle les correspondances entre pratique artistique et sacré. À la manière d’Evariste Richter, au minima : l’intervention millimétrée parait dérisoire mais la force de la résonance interpelle. La « résonance » selon Hartmut Rosa. « Les effets transformatifs d’une relation de résonance échappent constamment et inévitablement au contrôle et à la planification des sujets ».

Le Métaprisme, une œuvre épiphanie, dans un lieu - soumis à la majestueuse humilité romane- de réception et de communion. Comment un.e artiste parvient à émouvoir l’autre ? Comment « une » vision (me) fait toucher l’ineffable ? 

Cette sculpture installation décompose la lumière d’après une étude technique et scientifique, qu’elle soumet aux conjectures météorologiques pour créer des espaces picturaux teintés d’égnimatisme fascinant. Surpassant ainsi les effets des vitraux sans aucun vitrail. Cette expérience de la résonance fait écho à celle provoquée par les symphonies colorées des vitraux de Marguerite Huré rencontrant la rudesse des parois de béton et le sol de l’église Saint-Joseph. Mais les éclats colorés d’Evariste Richer sont toujours unis, ils conjuguent la force d’une inscription pérenne à l’expérience perceptive de l’effacement (la peinture projetée se transforme constamment). À l’extérieur, un signe stable, à l’intérieur, une captation lumineuse se révélant insaisissable. 

L’identité graphique du studio Charles Villa reprend l’idée d’un prisme lumineux, continu, variable, qu’elle intensifie en mettant en point de focal l’empreinte argentée d’une branche d’ortie. L’ortie a été choisie comme emblème et relai de la pensée du paysagiste Gilles Clément ( son bassin Jardin d'eau - Jardin d'orties, 2007). Dispersées, les affiches telles des feuilles, en contraste et en dégradé jaune bleue, ravivent les murs mellois. Le vert apparaît parfois ou est traité quasi comme une couleur subliminale. 

(CF: Frédéric Teschner a conçu le premier catalogue monographique d’Evariste Richer, double et méta, Slow Snow pour les éditions B42 en 2009.) 

Evariste Richer assure le commissariat de cette dixième biennale.  

Cette édition en impose, sans grandiloquence, parce qu’elle ne mise pas sur les bornes spectaculaires, elle égrène des instants silencieux, odes minuscules à des contemplations ressourçantes. La biodiversité comme contexte et invitée se réinvente au gré et au milieu des gestes artistiques. 

En guide, nu, fragile, marchant inlassablement, herman de vries. L’artiste offre dans des formes simples et par emprunts de fragments naturels, des voyages intérieurs : ainsi de son rond, rosace au sol, un cercle de dévotion constitué de cinquante kilos de pétales de rose. La respiration régénère. 

Ailleurs, on circule sous un plafond de chardons séchés, ramassés dans les environs de Melle (Jan Kopp). 

Evariste Richer a sélectionné des petites parcelles de résistances (artistiques), des constellations de presque-rien, ces à-peine-vus de notre environnement et de notre quotidien, élevés au rang de champs poétiques, magnétiques (Lois Weinberger). Parfois des bottes contestataires (Bruno Serralongue) . 

Nous merveillons respecte une cohésion d’ensemble, un contexte rural, l’idée d’un univers végétal, toujours responsive, joyeusement sauvage.  

À l’hôtel Ménoc, les toiles de Terencio González ravivent d’une autre manière que Le Métaprisme, la nécessité d’être tenu en flottement lumineux. Ses toiles sont présentées dans un périmètre de tension entre les courbes urbaines de Saâdane Afif et les affiches - des questions  inutilaristes - d’Allen Ruppersberg. Au sommet de l’hôtel, les tissages Jacquard de Mona Cara, avec lesquels, la jeune artiste suspend les pas des visiteurs, hésitant entre le rythme joyeux de génériques enfantins ou le rythme inquiétant et alertant d’une dérive abyssale. 

À l’église Saint-Pierre, au sol, les deux installations mêlées de Linda Sanchez & Baptiste Croze : Roulé - boulé , une constellation de ballons en plastique, trouvés, récupérés sur la côte Méditerranéenne et La mesure du plomb, cent empreintes et moulages des index de l’équipe technique melloise. Dans Roulé - boulé, Linda Sanchez & Baptiste Croze prélèvent dans le bleu berceau de la civilisation, ces objets d’échanges, ces bulles d’insouciance (tout aussi polluantes qu’innocentes, divertissantes que capitalistes). Au sol de l’église, cette mer plastique évoque également les flux migratoires, chahutés, fossilisés. La mesure du plomb crée un chemin de circulation, à peine visible, un chemin à la gravité structurante, celle des faiseurs et accompagnateurs d’art anonymes, une danse à fils tendus d’une communauté œuvrant. 

 

 

 

1.Par traversée de l’oculus du cœur de transept.

 

Nous merveillons. Biennale internationale d’art contemporain de Melle.  

Evariste Richer, Artiste-commissaire de la biennale 2024

Marion Vézine, coordination artistique. 

https://biennale-melle.fr/fr/

 

 

 

 


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« Je te tue

tu me tues 

C’est la vie. »

Ces trois petites phrases pourraient rythmer une comptine enfantine. Telle une litanie transmise génération après génération. Trois petites phrases, un refrain viscéralement relié à notre capacité d’indifférence. La formule, destructrice et incantatoire, chante une violence archaïque, une violence continue, de cette cruauté qu’on renouvelle à notre corps défendant, par-delà nos discours, nos décrets, les conventions internationales. 

Les conflits font des morts. 

« La mort tue », autre formule affichée par Alain Le Quernec.

C’est la vie. 

C’est ainsi : pas de réponse possible à cette logique implacable. 

La composition I kill you you kill me, c’est la vie d’Alain Le Quernec est suffocante. Un rouge sang, un noir des profondeurs. Une tension binaire, un sujet et un ennemi proche, intérieur et extérieur : deux blocs se défient. Cet duel construit un échiquier mondial, dichotomique et quasi inconciliable, un peu à l’image de notre société bi-polaire. 

Qui a commencé en premier ?  Aucun n’a plus de droit que l’autre. « C’est la vie » lie les deux camps, comme une ligne de front. À l’horizon, un jour, il y aura trop de morts. Le « C’est la vie » capitulera devant l’horreur.

À Quimperlé, dans la Chapelle des Ursulines, nous avons choisi de répéter sur le mur du chœur ce motif sérigraphié en un damier, pas tout à fait réglementaire. Un échiquier mural, infini, dont on devine que la partie ne sera jamais achevée. Ce wallpaper traduit également une accélération de la violence, reprogrammable H24 par les réseaux sociaux. La célérité numérique nous domine. Ce mur d’affiches heurte, tel un papier peint hystérique à la mécanique vengeresse. Il évoque avec effroi une course à la mort, une chaîne de violence : pour ne pas perdre le pouvoir ou la face il faut une réplique.

AUjourd’hui, tant de décombres, de champs de ruines à perte de vue, que nous n’avons plus envie de regarder notre actualité. Voir fait mal. Voir insulte nos espérances. Le pouvoir d’un affichiste ? Aucun. Faire des images est un geste dérisoire, mais c’est un acte absolument nécessaire, un geste « colombe » et démocratique. Un affichiste ne peut que cela. Les affiches sont aussi des surfaces où se retisse de la cordialité, où on peut regarder l’autre, le « tu », comme un autre « je », un autre métisse rouge-colère, noir-tristesse. 

Des éclats de lucidité Alain le Quernec affichiste. Chapelle des Ursulines. Quimperlé été 2024. 

Scénographie : Mathias Debien, Atelier Bartleby 

Sérigraphies imprimées par Yann Owens, Le Havre, mars 2024


Affiche de Jocelyn Cottencin

Exposition collective dans la Galerie-Vitrine Défense d'affiche de Laurence Drocourt. 

120 Rue de Paris. Le Havre 

avec Gilles Acézat, Maxence Alcalde, Nicole Caligaris, Laurence Drocourt, Frédéric Forte, Jean-Noël Lafargue, Corinne Laouès, HeHe,  Colette Hyvrard, Yann Owens, Vanina Pinter, Sonia da Rocha, Alain Rodriguez,  Bachir Soussi-Chiadmi, Stéphane Trois Carrés

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Cheminer, construire, errer, affronter groupé et isolé, mener des projets et diriger des ambitions, tout en s’emmêlant face à la complexité de notre société, composer ensemble vers une gouvernance solidaire… L’affiche réalisée Jocelyn Cottencin, dans un acte manifeste de générosité - que nous remercions vivement- convoque par ses lettrages beaucoup d’actions et d’interprétations. Artiste, graphiste, typographe, chorégraphe Jocelyn Cottencin met en scène quelques echoes à son travail indiscipliné. En toile de fond, une prise de vue d’une des dernières représentations à Barcelone de sa pièce performative Monumental. L’affiche fait écho à nombre de questionnements liés à nos pratiques et aux fonctionnements des écoles d’art que le graphiste connait bien. Jocelyn Cottencin a été l’un des premiers graphistes à contribuer à Une saison graphique en 2010. 

 

 

 

 


cover
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Sommaire
page intérieure
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W. Merritt Chase, a moderne Magdalene (1888°-)-Giovanni Girolamo Savoldo, Mary Magdeleine, 1535-1540
Mathew Stone, sleeve of the album Magdalene by FKA twigs - The holy MM, 1699

Cover of Esther de Vries

 

Au début de l’année 2022, s’est terminée l’exposition Mary Magdalene. Chief Witness, Sinner, Feminist au Musée Catharijneconvent à Utrecht.

Le catalogue de l’exposition  (Waanders publishers) réinterroge la place et l’imaginaire que Marie Madeleine engendra dans les arts : peinture, enluminure, sculpture, cinéma, mode du Moyen Âge à Kim Kardashian (David Lachapelle, 2018).

Le travail de la graphiste Esther de Vries met en scène la multiplicité des faces et facettes de la disciple de Jésus. Outre l’iconographie classique- chaque image est systématiquement légendée en-dessous— de cette figure double à la fois sainte pénitente, pécheresse repentante, le catalogue est rythmé par des doubles-pages « portrait » à fond perdu. Dans ce système de face-à-face, la graphiste opère un gros plan sur un motif, un geste, un état d’âme. Ce jeu dédoublant dévoile en heurtant et en contrastant comment l’iconographie de la sainte perdure et se réinvente au fil des siècles. Comment la figure de la femme coupable, à genou, implorant, se pâmant au milieu de ses démons intérieurs peut devenir une figure d’affirmation de soi.  Comment de nue, décharnée ou sensuelle, parée de ses longs cheveux, Marie Madeleine fait plonger chaque être se confrontant à elle dans un travail d’introspection. De la luxure au repli de l’ermite, d’objet de désir au sujet d’introspection, les continuelles lectures et interprétations de la sainte au fil des siècles laissent place au trouble de l’identité au sein de l’histoire des arts.


Vue d'ensemble
Vue d'ensemble
Vue d'ensemble

Exposition sur le travail de Michel Le Petit Didier. Centre national du graphisme. Chaumont juin-août 2021.

Commissariat -Scénographie : Michel Le Petit Didier, Damien Gautier, Florence Roller.

 


Trois étudiantes de l’ESADHaR, en 4e année du Parcours Design & Edition, Louise Marot, Johanna Ruysschaert et Manon Fargeat ont assuré le commissariat de cette exposition dans la galerie de Yann Owens, la galerie 1X2Plus, espace de création et de médiation de l’image imprimée au 104 Cours de la République. 

96- Elles ont présenté le travail les affiches de Julie Rousset et Audrey Templier, conçues pour Variations Epicènes (exposition à la MABA, centre d’art de la Maison des artistes, Nogent-sur-Marne, 2020). Julie et Audrey ont réalisé environ 80 variations sérigraphiées en juillet 2020 dans son atelier de Yann Owens.

123- Louise Marot, Johanna Ruysschaert et Manon Fargeat ont, à partir du protocole graphique élaboré par Audrey Templier et Julie Rousset, rejouer, retisser une nouvelle partition sérigraphiée. 

rousset-templierEn noir et blanc, affiche de l'exposition 96-123 (numéros correspondants aux notices dans le journal de l'exposition) et mur avec les macules des affiches sérigraphiées par Juliet Rousset et Audrey Templier.Rousset templier Affiches parmi les 80 variations sérigraphiées de leur identité visuelle.Rousset-templier Affiches parmi les 80 variations sérigraphiées de leur identité visuelle.Installation avec journal de l'exposition à la MABA conçu et mis en page par Julie Rousset et Audrey TemplierJournal de l'exposition Variations Epicènes, conçu et mis en page par Julie ROusset et Audrey Templierpropositions des étudiantes Variations conçues par Louise Marot, Manon Fargeat et Johanna dans l'atelier de sérigraphies de leur enseignant Yann Owens

 


impressions françaises.

Série Affiches typographies issues de l'exposition Impressions Françaises. Chaumont.

Commissariat avec Etienne Hervy.

Typographie : David Poulard

Texte : les graphistes associés.

Composition : Vincent Perrotet et William Jean

 

 


MABA - août 2020

Scénographie : Kevin Cadinot 

Graphisme : Julie Rousset et Audrey Templier 

 

photoMatriochka de Fanette Mellier photo montageKevin Cadinot accrochant les programmes de saison du centre chorégraphique du Phare, Le Havre de la graphiste Anette Lenzphoto montageKevin Cadinot dans la Salle présentant le travail d'Anette Lenz pour le Phare, centre chorégraphique le Phare 

photo montage

photo montage Table de préparation dans la salle de Susanna Shannon photo montage Composition avec les gouaches préparatoires des affiches de Vanessa Vérillon 

 


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Ouverture le 10 septembre.
Conception graphique de l'exposition : Audrey Templier et Julie Rousset
Scénographie : Kevin Cadinot

https://www.fondationdesartistes.fr/evenement/maba/variations-epicenes/


Takoka Saito
Takoka Saito
Takoka Saito
Takoka Saito
Takoka Saito
Takoka Saito
Takoka Saito
Takoka Saito

Au Capc, 2019
Commissaire : Alice Motard, Eva Schmidt et Johannes Stahl


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Textes : Vanina Pinter (vanina.pinter@free.fr) —  Crédits photographiques : Vanina Pinter + Pierre-Yves Cachard
Crédits typographiques : Scala + Scala Sans (Martin Majoor, 1991) + Eilitica ( Jean-Jaques Tachdjian, 2014) + Criptoide (Jean-jaques Tachdjian, 2003)
Conception graphique et développement : Plus+Plus+Égal= (Camille Trimardeau, Marjorie Ober ) Et Kévin Tessier. —  2017 © Tous droits résérvés