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« Je te tue
tu me tues
C’est la vie. »
Ces trois petites phrases pourraient rythmer une comptine enfantine. Telle une litanie transmise génération après génération. Trois petites phrases, un refrain viscéralement relié à notre capacité d’indifférence. La formule, destructrice et incantatoire, chante une violence archaïque, une violence continue, de cette cruauté qu’on renouvelle à notre corps défendant, par-delà nos discours, nos décrets, les conventions internationales.
Les conflits font des morts.
« La mort tue », autre formule affichée par Alain Le Quernec.
C’est la vie.
C’est ainsi : pas de réponse possible à cette logique implacable.
La composition I kill you you kill me, c’est la vie d’Alain Le Quernec est suffocante. Un rouge sang, un noir des profondeurs. Une tension binaire, un sujet et un ennemi proche, intérieur et extérieur : deux blocs se défient. Cet duel construit un échiquier mondial, dichotomique et quasi inconciliable, un peu à l’image de notre société bi-polaire.
Qui a commencé en premier ? Aucun n’a plus de droit que l’autre. « C’est la vie » lie les deux camps, comme une ligne de front. À l’horizon, un jour, il y aura trop de morts. Le « C’est la vie » capitulera devant l’horreur.
À Quimperlé, dans la Chapelle des Ursulines, nous avons choisi de répéter sur le mur du chœur ce motif sérigraphié en un damier, pas tout à fait réglementaire. Un échiquier mural, infini, dont on devine que la partie ne sera jamais achevée. Ce wallpaper traduit également une accélération de la violence, reprogrammable H24 par les réseaux sociaux. La célérité numérique nous domine. Ce mur d’affiches heurte, tel un papier peint hystérique à la mécanique vengeresse. Il évoque avec effroi une course à la mort, une chaîne de violence : pour ne pas perdre le pouvoir ou la face il faut une réplique.
AUjourd’hui, tant de décombres, de champs de ruines à perte de vue, que nous n’avons plus envie de regarder notre actualité. Voir fait mal. Voir insulte nos espérances. Le pouvoir d’un affichiste ? Aucun. Faire des images est un geste dérisoire, mais c’est un acte absolument nécessaire, un geste « colombe » et démocratique. Un affichiste ne peut que cela. Les affiches sont aussi des surfaces où se retisse de la cordialité, où on peut regarder l’autre, le « tu », comme un autre « je », un autre métisse rouge-colère, noir-tristesse.
Des éclats de lucidité Alain le Quernec affichiste. Chapelle des Ursulines. Quimperlé été 2024.
Scénographie : Mathias Debien, Atelier Bartleby
Sérigraphies imprimées par Yann Owens, Le Havre, mars 2024