Submitted by marjorie_ober on Thu, 09/24/2020 - 16:06
Jean-Jacques Tachdjian
Jean-Jacques Tachdjian
Jean-Jacques Tachdjian
Jean-Jacques Tachdjian
Jean-Jacques Tachdjian

«… Ils sont au service du grand capital, et ils s’étonnent qu’on se prélasse de ne pas faire partie de leur connerie. T’as qu’à voir, dans le quartier, dès qu’un commerce ferme, c’est qu’une banque va ouvrir. Ou un magasin de lunettes, ça je n’ai jamais compris pourquoi il y en avait autant. Mon père était communiste. Alors quand je lis le journal, je comprends le message qui en émane : gloire au grand capital. Malheur à ceux qui ne se soumettent pas entièrement. On n’a jamais vu dogme mieux respecté. Elle est géniale, leur invention, la dette… comme des putes sans papiers, ils passeront leur vie à trimer pour essayer de rembourser ce qu’ils doivent à la naissance. Ah, pour taffer, ça taffe… tu sais pourquoi on nous tolère encore en ville ? Ils ont arraché les bancs, ils ont aménagé les devantures de magasins pour être sûrs qu’on ne pouvait s’asseoir nulle part, mais on ne nous ramasse pas encore pour nous mettre dans des camps, et ce n’est pas parce que ça coûterait trop cher, non… c’est parce que nous, on est les repoussoirs. Il faut que les gens nous voient pour qu’ils se souviennent de toujours obéir ».

Olga dans Vernon Subutex, 1 de Virginie Despentes Grasset, 2015, p.344

Questions à Jean-Jacques Tachdjian.